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cours de philo L1
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19 octobre 2005

Partie I La place de la morale dans le système cartésien

CM Philosophie morale et politique

INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE MORALE DE DESCARTES

PARTIE I :

La place de la morale dans le système philosophique

ou

Dans l’arbre cartésien des sciences

ou

Lettre-préface de 1644 à l’abbé Picot

A) Morale et sagesse : les deux sens de la sagesse

1er : système total des savoirs humains, c’est-à-dire l’Arbre des Sciences

2ième : pas la totalité de l’arbre mais la plus haute et la plus parfaite des branches

1) La lettre dédicace (1644)

Descartes distingue 2 vertus :

Les vertus fausses et apparentes

qui sont « accompagnées d’ignorance ou d’erreur ». Ce sont des vices car elle ne reposent sur aucune connaissance. La vertu morale est attribuée à une connaissance : il faut une connaissance du vrai bien.

Les vertus vraies et réelles :

« elles procèdent d’une exacte connaissance de la vérité », elles ne proviennent que de la connaissance du bien, elles ont une homogénéité horizontale qui provient de leur rapport commun au vrai bien.

Descartes hérite d’une exigence définitionnelle exprimée par Platon (Ménon) c’est-à-dire que la philosophie doit définir non pas ce que sont les vertus morales existantes, mais l’essence une et univoque : le vertu. Pour Descartes, le vertu doit être définie dans son unité : « elles sont toutes de même nature et peuvent être comprises sous le nom de sagesse » dans son sens strict et moral c’est-à-dire l’ensemble systématique de toutes les vertus morales vraies et réelles.

2) La lettre préface à l’abbé Picot (1647)

¨

Principes métaphysiques :

Descartes présente son œuvre comme un traité à l’usage du grand public et il est rédigé sous forme d’articles synthétiques c’est-à-dire qui suivent l’ordre synthétique des raisons (ou l’ordre de l’être qui a la « ratio essendi », c’est-à-dire la raison d’être). Il part de la raison d’être des choses pour dire qu’elles sont.

Dans Les Méditations il a procédé dans un ordre analytique c’est-à-dire un ordre de la découverte qui est aussi la raison de connaître.

Dans cette lettre-préface, Descartes aborde six thèmes :

Thème n°1 à Il part d’un constat historique qui dit que la philosophie a été discréditée par des regards pédants qui s’épuisent en discutes spéculatives mais qui ont perdu l’aspect essentiel de la finalité de la philosophie. Les scolastiques médiévaux (héritiers d’Aristote) ont spéculé. Descartes en tire qu’il est urgent de restituer à la philosophie sa vraie finalité qui est la recherche de la sagesse sous deux sens : le sens théorique et pratique. La fin de la philosophie est la fin de l’existence humaine : elle n’est pas tant le bonheur que le contentement intérieur. Le contentement est un bonheur qui est en notre pouvoir. Le terme de contentement est synonyme de félicité, de joie, de béatitude et de satisfaction. (ne jamais utiliser le terme de bonheur chez Descartes). Cette forme de contentement provient de l’accomplissement vertueux.

Thème n°2 à La sagesse n’est pas une forme de prudence pragmatique mais plutôt une connaissance rationelle de tout ce qui peut être utile à l’homme dans cette vie c’est-à-dire qu’elle doit déterminer tout ce que l’homme soit déterminer pour vivre droitement. Cette droiture et vertu a pour but et conséquence de nous rendre content et satisfait. Dans les deux sens de la sagesse, la connaissance et la philosophie en tant que connaissance théorique représente un arbre des sciences (dont la morale est la plus parfaite). La sagesse morale désigne la science morale elle même en tant qu’elle est la plus difficile à atteindre donc on l’atteint en dernier après l’ensemble des sciences. Mais il y a un raccourci. La sagesse est donc à la fois une connaissance théorique vraie et ensuite une pratique vertueuse, c’est-à-dire un comportement qui est conforme à la pratique et à la connaissance du vrai. Descartes hérite de la définition platonicienne de la vertu morale qui se trouve dans le Discours de la Méthode (Partie III) « Il suffit de bien juger pour bien faire » Cette formule générale de la vertu est aussi celle de la générosité (en 1649) mais pas au sens moderne. La générosité cartésienne est la formule de haute vertu morale qui consiste à bien user de son libre arbitre (c’est-à-dire de sa volonté), c’est-à-dire de soumettre sa volonté à une connaissance claire et distincte de l’entendement et de la raison. Pour Descartes, la sagesse telle que définie ici s’appuie sur un commentaire car il reprend une phrase du Discours de la Méthode : « quiconque a une volonté ferme et confiante d’user toujours de la raison le mieux qu’il est en son pouvoir et de faire en toutes ses actions ce qu’il juge le meilleur, est véritablement sage, autant que sa nature le permet. Qu’il le soit et par cela seul il est juste, courageux, modéré et à toutes les autres vertus ». Cela abouti à une équation entre deux termes : La sagesse = la vertu (= la générosité) + la connaissance ce qui amène le contentement et la félicité. L’idée directrice et plus généralement de la morale cartésienne est qu’il y a un lien étroit entre bien agir et bien juger.

Être sage, selon Descartes, c’est vouloir toujours conformément à ce que l’on connaît ou que l’on juge être le meilleur. L’agir moral = une forme d’obéissance ou de subordination à une connaissance que l’entendement et la raison doit avoir du vrai bien. Le concours de la volonté et de la raison rend possible la vertu c’est-à-dire la morale la plus haute ou la sagesse la plus parfaite que l’homme puisse acquérir. En effet, pour Descartes, l’agir vertueux de l’homme rencontre la limité de sa nature finie. L’entendement est fini en l’homme alors que la volonté est infinie.

Dans la lettre-préface « […] deux choses sont requises à la sagesse ainsi décrite, à savoir que l’entendement connaisse tout ce qui est bien et que la volonté est toujours disposée à le suivre » c’est-à-dire que Descartes attribue a tous les hommes une volonté infinie et un entendement fini et que c’est du coté de l’entendement que se situe la différence entre les hommes. Le transfert de l’entendement vers la volonté garanti l’égalité des hommes. La morale de Descartes consiste dans le don usage de nos facultés (entendement et volonté) c’est-à-dire subordonné à la volonté de l’entendement.

Notre volonté est vertueuse car elle se limite à notre entendement et à nos connaissances claires et distinctes qu’on a du bien.

Il s’agit de déduire nos connaissances vraies en partant des connaissances claires qui doivent être indubitables. L’ordre méthodique implique que l’on puisse tout connaître à partir des premiers principes.

4°thème à Descartes part d’un constat historique : l’échec de Platon et d’Aristote qui voulaient réformer de façon radicale l’édifice des sciences. Il faut réformer en légitimité l’ensemble du savoir humain sur des principes vrais c’est-à-dire refonder l’arbre des sciences sur un socle absolument ferme et solide. Actuellement, ce socle solide fait défaut (Cf. Discours de la Méthode, Première Partie, 1637 où Descartes résume sa biographie intellectuelle.) Descartes critique la formation qu‘il a reçu au collège jésuite : c‘est un enseignement purement métaphysique et désolidarisé de toute préoccupation morale et les sciences enseignées (y compris les maths) manquent d‘un socle absolument sur et certain. Il utilise la métaphore architecture : les sciences sont fondées sur du sable. Il veut refonder l‘édifice des sciences sur du roc. Descartes veut en effet jeter les bases d‘un nouveaux système de la science beaucoup plus qu’il ne veut réaliser cet édifice lui même.

5° thème à Philosophie morale : Il existe pour Descartes trois classes de principes, trois classes de connaissances évidentes qui vont servir de socle à l’ensemble de la philosophie (comme recherche de la sagesse)

¨

Principes physiques :

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Principes méthodiques ou méthodologiques : - se défaire de tous ses préjugés c’est-à-dire que Descartes préconise de douter de tout ce qui est seulement vraisemblable. Il nous invite à pratiquer la méthode du doute hyperbolique au moins à titre inaugural (au début de la philosophie). Ne doit pas être confondu avec le doute septique. Le doute est une étape nécessaire dans la fondation de la philosophie : c’est un passage préliminaire et provisoire, un moyen de faire jaillir la vérité.

à

Pour ce faire, il s’inspire entre autres de la méthode mathématique (mais fait jouer d’autres paradigmes) et en pensant l’édifice des sciences comme une mathesis universalis (mathématique universelle au sens large : reconstruction de l’édifice selon des principes mathématiques) : c’est la métaphore de l’arbre des sciences. L’arbre en tant qu’organisme vivant représente l’idée d’un système ordonné voire organisé de toutes nos connaissances.

à

La nature comme monde physique : les arts et les sciences permettent à l’homme une relative domination technique sur le monde naturel.

à

La nature désigne aussi « ma nature » : la sagesse morale doit aussi et surtout me permettre de dominer ma propre nature, de maîtriser mes propres passions, de les gouverner de telle sorte que nous n’en dépendons plus. Toute la philosophie culmine dans sa branche morale et permet une quasi maîtrise de la nature et une parfaite maîtrise de notre nature intérieure.

Métaphore de l’arbre :

Descartes se sert de cette métaphore pour définir la philosophie elle même : « Ce mot philosophie signifie l’étude de la sagesse et […] par la sagesse on n’entend pas seulement la prudence dans les affaires mais une parfaite connaissance de toutes les choses que l’homme peut savoir, tant pour la conduite de sa vie que pour la conservation de sa santé et l’invention de tous les arbres. »

Descartes va ensuite se servir d’une métaphore qui est celle des yeux fermés à savoir que vivre sans philosophie c’est vivre les yeux fermés. « Cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en notre vie que n’est l’usage de nos yeux pour guider nos pas. » Pour Descartes la nourriture de l’esprit que doivent s’efforcer de chercher les hommes est la sagesse et l’art de l’acquérir est la philosophie. Le souverain bien en tant que nous pouvons le connaître par la raison naturelle (à la différence de la foi : lumière surnaturelle) n’est pas autre chose que la connaissance de la vérité, c’est-à-dire la sagesse (théorique et pratique) dont la philosophie est l’étude.

Remarques :

1)

2)

3) Descartes loue ici également la vie théorique et la vie active/pratique

4)

C’est la métaphore du cheminement droit : la méthode ( methodos : cheminement droit). Pour Descartes, la philosophie est en effet une manière de cheminer droitement vers la sagesse. La philosophie est l’art de cheminer méthodiquement, surtout sur la voix des vertus morales.

5)

Descartes empreinte à Platon une autre métaphore classique : la nourriture de l’âme. Pour Platon, la sagesse constitue un aliment pour la partie supérieure de l’âme (la nœuds). De même ici, la philosophie doit nourrir notre âme comme les aliments nourrissent le corps des aliments. La sagesse est un aliment su prieur de l’esprit humain.

6)

Descartes met ici au même plan les trois branches de l’arbre des sciences : mécanique, médecine et morale .

7)

Descartes reprend pas partie ontologique en laissant de coté la partie théologique.

8)

La praxis :

La poiesis :

action qui a sa fin en elle même et pas un moyen au service d’une autre fin : c’est une fin en soi. forme du faire purement technique ou artisanale qui n’est qu’un moyen en vue d’autre chose (ne s’épuise pas en elle même).
Descartes emprunte aussi à Aristote sa distinction conceptuelle entre la praxis et la poiesis. (cf.

Descartes considère que les techniques, les arts, les savoir-faire qui révèlent de la poiesis/mécanique sont subordonnés à la science morale de l’action humaine libre en tant que praxis, en tant que fin en soi. Descartes reprendra aussi à Aristote (Lettres à Elizabeth) la définition du souverain bien comme bonheur ou plus exactement comme contentement suprême résultant de l’action vertueuse de l’âme. Descartes souligne l’indépendance radicale de sa philosophie morale en particulier par rapport à toute la théologie en général. Sa philosophie utilise la seule raison de sa seule « lumière naturelle » de la raison (cf. DM 1er partie, Incipit) : Descartes pose une équation d’ordre définitionnel :

9)

Raison = entendement = lumière naturelle

10)

B Morale et métaphysique

Le rapport de la morale à la science métaphysique est celui du plus lointain au plus lointain. Pourtant, quoi qu’elles soient le plus éloignées l’une de l‘autre ces deux parties de l’arbre sont bien liées. En partie la science morale repose sur la science métaphysique.

Le définition cartésienne de la vertu suppose en amont les vérités métaphysiques découvertes dans Le Discours de la Méthode puis exposé dans les Méditations métaphysiques dans l’ordre de la découverte puis la dans les Principes de la philosophie exposé dans un ordre synthétique des raisons. La morale a en effet à voir avec la métaphysique dans la mesure où elle étudie l’homme comme union d’âme et de corps : la morale présuppose la connaissance de l’âme seule.

La morale suppose « trois notions primitives » : 1) La notion de l’âme

Et, outre cela, la morale présuppose l’existence de Dieu et la véracité divine. Pourtant cette fonction de la morale n’apparaît pas seulement dans les écrits métaphysiques (CM, DM, MM). Dans les écrits moraux de Descartes il y a un lien entre morale et métaphysique.

1) La Lettre à Elizabeth du 21/05/03 porte sur les trois notions primitives qui sont respectablement relatives à l’âme, au corps et à leur union.

Le^passage de Descartes de la distinction à l’âme et du corps ‘MM) à l’union de l’âme et du corps : pour Descartes, l’union est au moins aussi importante que ne l’est la distinction (p 67 à 70)

« Y ayant deux choses en l’âme humaine, desquelles dépend toute la connaissance que nous pouvons avoir de la nature, l’une desquelles est qu’elle pense, l’autre qu’étant unie au corps elle peut agir et pâtir avec lui, je n’ai quasi rien dit de cette dernière. »

« Il y a en nous certaines notions primitives, qui sont comme des originaux sur le patron desquels nous formons toutes nos autres connaissances […] Dans les Méditations […] j’ai taché de faire concevoir les notions qui appartiennent à l’âme seule, les distinguant de celles qui appartiennent au corps seul, la première chose que je dois expliquer ensuite est la façon de concevoir celles qui appartiennent à l’union de l’âme avec le corps, sans celles qui appartiennent au corps seul ou à l’âme seule .»

Descartes a écrit deux œuvres métaphysiques : Le Discours de la Méthode et les Méditations Métaphysiques puis il a tenté d’articuler cette métaphysique avec une morale. On est obligés de penser trois notions primitives : l’union de l’âme et du corps. Descartes va tenter de concevoir l’union humaine entre l’âme et le corps. Ce but va l’occuper dans deux œuvres : La correspondance avec Élisabeth et Le traité des passions de l’âme. Descartes distingue 4 types de notions : comme par exemple l’être, le nombre, la durée, etc. Les notions parviennent à tout ce que nous pouvons concevoir (tout le champs de nos pensées possibles. Descartes va laisser cette première catégorie de coté.

La classe des notions primitives dites les plus générales

Les notions primitives relatives à l’âme seule en tant que res cogitans (l’âme est une substance qui peut se définir par un unique attribut essentiel qui est la pensée. La pensée contient en elle-même plusieurs modes : La perception (sensation), l’entendement, la volonté, la mémoire, l’imagination.

Ce sont les notions primitives relatives au corps seul en tant que res extensa : l’extension (étendue), la figure, le mouvement, etc.

Les notions primitives relatives à l’union de l’âme et du corps, au groupe de notions relatives à l’âme et au corps prit ensemble.

1ière expérience :

2ième expérience :

Remarque :

Descartes distingue trois ou quatre notions primitives alors qu’il ne distingue que deux substances : l’union de l’âme et du corps ne constitue pas en lui-même une substance (l’homme n’est pas une substance) et en même temps le composé humain constitue le support d’un troisième genre de notions primitives. Pour Descartes, toute la science humaine se réduit uniquement dans la distinction entre ces trois voire quatre notions primitives. « Toute la science des hommes ne constitue qu’à bien distinguer ses notions et à n’attribuer chacune d’elle qu’aux choses auxquelles elles appartiennent. » Pour Descartes, il n’y a pas de progrès possible dans la connaissance humaine aussi longtemps que l’on confond ces trois groupes de notions primitives. Chacun de ces groupes de notions est également primitif. Ces groupes ne dépendent ne dépendent uniquement que d’elles même et elles s’expliquent par elles même. Toutes ces notions sont autoréferentielles.: Le dernier groupe de notions primitives est tout aussi primitif que les trois autres groupes. Ces notions relatives à l’union ne résultent pas de la somme de notions précédentes. En d’autres termes, pour Descartes, on ne peut en aucun cas transposer une notion primitive relative à une chose à une autre chose ou substance. Comment peut-on penser l’union de l’âme et du corps et des notions primitives relatives à l’union aussi longtemps qu’on tient à la distinction ?

Descartes va commenter une métaphore suggérée par Élisabeth : « Moi je pense l’union de l’âme et du corps en faisant comme si l’âme avait la possibilité de s’étendre dans l’espace. » Descartes est d’accord même si c’est impossible au sens propre. Cette méthode est un procédé par analogie.

Exemple

La pensée (uniquement attribut essentiel de l’âme)

L’extension (comme unique attribut essentiel du corps seul)

L’union de l’âme et du corps sans recourir à ce mixte contre nature que serait l’extension de l’âme ou une pensée du corps.

: On ne peut transposer au sens propre la notion primitive d’extension à l’âme seule c’est-à-dire qu’on ne peut pas en toute rigueur penser une âme étendue. Pas davantage, on ne peut parler d’un corps qui pense. Pourtant Descartes autorise à la limite à penser l’union de l’âme et du corps comme si c’était une extension de l’âme. En effet, penser l’âme comme si elle était entendue c’est quasiment la même chose que de penser l’union. En même temps Descartes prévient Élisabeth que cela ne doit valoir qu’à condition de garder à l’esprit que l’âme n’est pas le corps. Ainsi pour Descartes en toute rigueur on doit s’efforce de penser séparément :

En effet pour Descartes, la principale cause de nos erreurs vient de ce qu’on applique à tord des notions primitives à des choses ou à des substances qui ne s’y appliquent pas. Pour Descartes, toute la science consiste à distinguer ces groupes de notions primitives en les cloisonnant tout en gardant à l’esprit que l’union n’est pas constitutive d’une autre substance. L’union de l’âme et du corps n’est pas une substance mais c’est une union substantielle de l’âme et du corps. Une union de deux substances ne constitue pas forcément une substance.

2) La lettre à Élisabeth du 28 juin 1643 :

Les trois notions primitives relatives à l’âme seule, au corps seul et à l’union de l’âme et du corps ne sont pas toutes au même plan dans la mesure où la troisième ouvre la voie à la morale.

Élisabeth interroge Descartes sur l’union de l’âme et du corps qui d’après elle est impensable dans les Médiations Métaphysiques. Pour penser l’union il va falloir se défaire du réflexe de la distinction. Il va lui demander de faire un pas de la métaphysique à la morale.

Descartes reconnaît qu’il est beaucoup plus aisé de penser la distinction que l’union. La grande difficulté en philosophie est de penser l’union, c’est-à-dire de penser en même temps la distinction et l’union. Descartes va proposer à Élisabeth de changer de science : la morale est la science de l’union et fait appel à des facultés de connaître différentes.

Descartes convient donc qu’on ne pas penser en même temps que l’âme et le corps soit distinct et qu’ils soient unis. Il va donc préciser comment, à défaut de les penser en même temps il faut du moins s’efforcer de penser chacune après l’autre en convoquant des sciences différentes. En énumérant les sciences primitives, Descartes va leur faire penser terme à terme. De sorte qu’à la différence de la lettre précédente, Descartes ne dit plus qu’il y a des notions primitives qui se rapportent à l’âme seule, au corps seul et à leur union mais il dit désormais que l’âme, le corps et leur union constituent en eux même trois notions primitives.

2ième différence

: Descartes ne mentionne plus les notions primitives générales : il épure son propos et fait porter tout l’effort spéculatif sur le passage d’une pensée de la distinction à une pensée de leur union. Descartes va donc être amené à parcourir rétrospectivement le cheminement qui va de la distinction à l’union (Méditations VI). En même temps (Méditations II), ce cheminement n’a pas été accompli et achevé dans les Méditations Métaphysiques.

La morale de Descartes commence là où s’arrête sa métaphysique

. Les lettres à Élisabeth commencent à partir de la Méditation VI. Il s’agit d’achever le passage de la distinction à l’union. Il faut cesser de penser l’union selon les méthodes propres à la distinction. Descartes revient en le clarifiant et en le précisant sur son texte de 1641 : comment articuler c’est-à-dire comment penser l’une après l’autre la distinction et l’union de l’âme et du corps à défaut de les penser en même temps? Descartes montre le défaut des Méditations de concentrer l’attention sur la distinction parce qu’à l’époque le plus urgent et le plus difficile était de penser la distinction. Le seul moyen de sauter le pas c’est de penser l’union non pas en la concevant mais en l’expérimentant de manière sensible.

Pour Descartes, nous expérimentons chaque jour que nous sommes une union d’âme et de corps :

A travers les passions

A travers les ordres moteurs

Descartes remarque que la métaphysique de la distinction ne doit jamais nous faire oublier l’évidence première que nous livre l’expérience

.
.

Exemple

inversement la force qu’à le corps de mouvoir l’âme. Elle s’appréhende à travers deux phénomènes : les sentiments et les passions (produit par le corps mais effet psychique)
la force que possède l’âme de mouvoir son corps (ensemble des mouvements locomoteurs volontaires)
Ici, Descartes reconnaît que dans les Méditations Métaphysiques et dans le Discours de la Méthode il a traité séparément du corps seul et de l’âme seule. En revanche, dans ces ouvrages, il n’a pas parlé de leur union. Le but de Descartes dans sa correspondance va être de compléter sa métaphysique de la distinction par celle de l’union de l’âme et du corps. En effet, il reconnaît que dans les ouvrages antérieurs il a fait porter l’accent sur la distinction métaphysique réelle entre l’âme et le corps parce que son principal dessein était de séparer l’âme du corps. Au contraire, dans les Lettres à Élisabeth, il s’agit d’expliquer comment on peut expliquer comment on peut concevoir l’union âme-corps ou comment on peut comprendre que l’action vertueuse est possible au sein de l’homme comme composé d’âme et de corps. Selon lui, il existe trois notions primitives (mais pas trois substances)

2) La notion du corps

3) La notion de leur union (expérience sensible de leur union.)

Descartes pose dans ce tette une autre équation fortement influencée par Platon, et Aristote : la philosophie, est quête/ recherche de la sagesse c’est-à-dire recherche du souverain bien c’est-à-dire l’étude ou l’effort pour quérir une connaissance claire et distincte de vrai bien.
= faculté de juger = pouvoir de distinguer le vrai du faux = le bon sens (D. utilise parfois le mot « sens ». Pour Platon en effet, la lecture théologique, voire religieuse de sa philosophie serait un contre sens. Pour Descartes donc, ni la métaphysique, ni la morale n’ont de rapport avec la théologie. En remmanche, pour Descartes, tout l’arbre des science y comprit la morale repose sur un concept métaphysique de Dieu : Dieu fait l’objet d’une « pur amour » (intellectuel.)
L(Éthique à Nicomaque, l1, chap. 1)
Descartes reprend à Aristote sa définition de la philosophie (cf. La métaphysique d’Aristote, alpha, chap. I) Pour lui, la philosophie première est la métaphysique. Elle se définit comme : « la science des premières causes et des premiers principes de toutes choses. » comme la « science de l’être supérieur ».Elle es t une ontologie (en tant que science suprême) et une théologie (en tant que science de l’être supérieur).
. En effet, ces deux pôles de la philosophie sont également importants, également liés. Pour Descartes, la sagesse pratique comme plus parfaite morale n’est rien sans le socle de connaissance qui le soutien. La sagesse cartésienne est l’ensemble des connaissances utiles à l’homme pour se diriger en cette vie, pour agir de façon droite et vertueuse. Descartes emprunte à Platon la métaphore de la vue : le regard est plus indispensable à l’homme que l’organe sensoriel de nos yeux. Elle nous permet de marcher droitement plus que nos yeux.
Descartes s’inscrit ici dans une tradition platonicienne de définition de la philosophie comme quête de la sagesse.Il rattache cette définition grecque de la philo sophia à l’une des vérités métaphysiques (MM II) : l’homme est un être composé (« union par composition d’âmes et de corps ») Derrière cette union, la première vérité qui s’impose à nous est que l’homme existe en tant qu’âme (res cogitans.) En effet, cette vérité métaphysique est l’une des thèses métaphysiques essentielle : la partie la plus importante du composé humain (la plus pure, la plus noble, la plus digne et la plus facile à connaître) est l’âme (anima : pas tout à fait synonyme de l’esprit qui est la partie la plus pure de l’âme).

- étudier les sciences de manière ordonnée

La philosophie cartésienne est-elle systématique ?

Métaphore de l’arbre des sciences tel qu’il aimerait le refonder :

- la racine : science métaphysique

- le tronc : science physico-mathématique et anatomie/ physiologie

- les branches : 3 sciences : mécanique, médecine et morale

La morale comme sagesse pratique constitue la plus haute branche de l’arbre des sciences et la plus difficile à atteindre et la plus tardive. Elle présuppose la maîtrise de tous les autres savoirs.

6° thème à Descartes annonce le plan de son œuvre : quatre parties dans les principes de la philosophie : métaphysique, physique, monde visible (astronomie) et la Terre (étude de la planète)

« Ainsi toute la philosophie est comme un arbre dont les racines sont la métaphysique, le tronc est la physique et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, lé mécanique et la morale, j’entends a plus haute et la plus parfaite morale qui, présupposant une entière connaissance des autres sciences, est le denier degré de la sagesse. […] La principale utilité de la philosophie dépend de celles de ses parties qu’on ne peut apprendre que les dernières »

Ainsi, la morale cartésienne entendue au sens fort de morale suprême et non au sens faible de « morale par provision » constitue la fin de la philosophie, c’est-à-dire le telos de toute la philosophie comme système arborescent des savoirs humains. La morale présuppose donc avant elle la connaissance de tous les savoirs, en droit. La morale va inventer une voie de dérivation qui garantira à tout homme la morale, c’est-à-dire que l’ensemble de la philosophie comme arbre des sciences a pour unique et principale finalité une finalité pratico-morale. Elle n’a de valeur qu’en tant qu’elle est toute entière orientée théologiquement vers l’agir humain dans le monde, vers l’agir vertueux.

3) La finalité pratico-morale de la philosophie cartésienne

a) Les règles pour la direction de l’esprit, 1ère règle (ed. AT X p 359 à 361)

Descartes subordonne la connaissance à l’action et il dit rechercher à accroître notre connaissance non pas en elle même mais afin de devenir capable de discerner le parti à prendre dans les diverses occasions de le vie pratique. Descartes rompt avec Platon qui affirmait le primat de la vie théorétique sur la vie pratique/ active et il suggère ici que les sciences forment un tout organisé où chaque science joue un rôle dans le tout, c’est-à-dire reliée horizontalement avec chacune des autres et verticalement avec le tout. Ainsi, dans le système des sciences on ne peut enlever une partie sans enlever l’ensemble du système c’est-à-dire que chaque science est en contact avec la finalité ultime de toute la philosophie qui est une finalité pratique : l’action droite/ vertueuse/ morale.[toutes les sciences] sont unies et dépendent les unes des autres: mais [celui qui cherche sérieusement la vérité] ne doit songer qu’à accroître la lumière naturelle de sa raison, non pour résoudre telle ou telle difficulté d’école mais pour qu’en chaque circonstance de la vie, son entendement montre à sa volonté le parti à prendre. »

Conclusion :

l’entendement/ la raison doit guider droitement la volonté vers le vrai bien et cette dérivation du libre arbitre à la raison constitue la définition de la vertu morale et la finalité pratico-morale de toute la philosophie, de toute sagesse prise au sens théorique de l’arbre des sciences.

En d’autres termes, tous nos savoirs n’ont d’autre utilité finale que de nous aider à bien agir en cette vie ou de faciliter l’action vertueuse des hommes dans le monde.

b) Discours de la méthode VI (p 10) : Descartes raconte sa biographie intellectuelle et son parcours scolaire et universitaire. Il pose les raisons qui l’on conduit à vouloir refonder l’édifice des sciences. Pour lui, le but de toute science réside dans l’action droite : « J’avais toujours un extrême désir d’apprendre à distinguer le vrai d’avec le faux pour voir clair en mes actions et marcher avec assurance en cette vie. »Descartes subordonne la philosophie à la vie pratique-morale et ce faisant il dénonce le caractère métaphysique/spéculatif de la philosophie scolastique. Il substitue à la philosophie spéculative de l’École une « nouvelle philosophie » : elle consiste en ce que sa philosophie se veut uniquement une philosophie pratique. Il n’entend pas par là une philosophie facile mais une philosophie au service des finalités de l’action (la praxis)

« Il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie et, au lieu de cette philosophie spéculative qu’on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle […] nous pourrions nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature .» En effet, pour Descartes, la philosophie a une finalité pratique beaucoup plus que théorique et c’est dans cette finalité qu’elle permet d’exercer une quasi maîtrise sur le monde.

1ière remarque : les sciences et techniques

2ième remarque : le sens que Descartes donne au mot « nature » :

: elles sont relayées par une finalité pratico-morale et ne rendent pas l’homme maître et possesseurs de la nature mais seulement comme. Pour Descartes, l’homme technicien n’est pas objectivement maître du monde. Descartes fait ici un raisonnement par analogie, l’homme peut être défini comme si il exerçait une maîtrise sur le monde. En tout cas, il n’y a pas d’identité de nature entre l’homme et la nature.

c)

«

(place de couronnement et science atteinte en dernier)
(3 principes fondamentaux)
Oui, Descartes a la volonté de bâtir un arbre des sciences mais la réalisation de sa philosophie n’est pas systématique : il n’y a pas une seule morale. La morale cartésienne n’est pas un traité de morale et n’est pas non plus une partie systématique d’un système.

- se donner une « morale par provision » (à ne pas confondre avec une morale provisoire). Cette morale comporte une partie provisoire mais elle est déjà définitive. En effet, Descartes n’a pas exposé d’autres morales après celle là. Pour Descartes, néanmoins, cette « morale par provision » peut être en partie provisoire. Elle peut valoir aussi longtemps qu’on est dans le doute méthodique, qu’on est encore dans l’attente de vérités indubitables. Même une fois sortit du doute, Descartes maintient sa « morale par provision », il n’a rien su bâtir au delà.

- « étudier les règles de la pensée ». Les étudier en dépassant l’enseignement stérile et abstrait qui a été celui de la morale scolastique. Établir une vraie méthode à la fois de la découverte du vrai ( = méthode heuristique) et de la recherche du vrai ( = zététique)

principes des corps matériels étendus (res extensa) - l’étendue (l‘espace)

Tous les phénomènes naturels s’expliquent par ces trois principes.

Méditations Métaphysiques VI

- la figure (forme que prend un atome)

- le mouvement.

- l’existence du Moi comme substance pensante (res cogitans = l’âme - res extensa = le corps) c’est-à-dire le cogito ergo sum (je pense, donc j’existe, je suis cf. Méditations Métaphysiques II,) comme plus pure âme immatérielle.

- existence de Dieu en tant qu’être suprême et absolument parfait (Cf. Méditations Métaphysiques III et IV) : existence d’un être qui « doit être cause de toute essence et de toute existence » .

- la véracité divine : « Dieu ne saurait être un malin génie » (=être trompeur) Cf. Méditations Métaphysiques, il est aussi le garant de toute vérité, même des vérités morales.

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